mardi 23 décembre 2008

Voyage en Thaïlande du 30 octobre au 15 novembre 2008 Jeudi 30 octobre – Guy et Montri repartent, accompagnés cette fois de cinq observateurs et amis, tous marollais et membres de l’association des Amis du Vieux Tamarin : mesdames Nicole Agasse, maire de Marolles, Marie-Claude Chevrier, présidente de l’association, ainsi que Michel Louazé, Françoise et Marie-Joseph Reynier. Atterrissage à l’aéroport Suwanaphumi de Bangkok, flambant neuf, gigantesque, puis voyage dans le minibus de Tom jusqu’à Hua-Hin, distante de 230 km, où Guy et Montri résident parfois. Trois jours, trois nuits pour découvrir une cuisine de rue savoureuse, un tout petit commerce nocturne très actif, une chaleur accablante, un tailleur fort prévenant, le parcours chaloupé d’une promenade à dos d’éléphant .Ajoutons-y la sereine beauté des temples rouge et or, lieux de ferveur et de paix. Puis départ en bus-couchette pour Phuket, distante de 750 km . Prix du billet : 1060 baht soit 24€ . Véhicule confortable, mais y dormir, c’est autre chose ! Arrêt repas de 20 minutes en pleine nuit : soupe de riz, œuf dur, quelques légumes, un peu de viande – course aux toilettes et c’est reparti. On n’attend pas les retardataires. Mardi 4 novembre. Au petit matin, nous arrivons à la gare routière de Phuket où un minibus envoyé par l’hôpital de Patong nous prend en charge pour les trois jours à venir. Après une rapide toilette au Kamala Resort Hotel – qui fut entièrement ravagé par le tsunami- nous partons pour l’hôpital où nous visitons le bloc opératoire dont l’équipement a été rendu possible, au terme de neuf mois de démarches, grâce à un don de 68764€ du Crédit Agricole, The French Farmer Bank, comme le rappelle une plaque apposée à l’entrée du service. Photo du jour : sept Marollais tout de vert vêtus, entourant la table d’opération – nous ne concourrons pas pour un prix d’élégance. D’un couloir à l’autre, nous passons par la zone des massages médicaux, la grande spécialité. A quatre, il est décidé de tenter l’expérience le lendemain - rude souvenir ! Ce premier jour dans l’île se poursuit par la visite d’un village de pêcheurs à 3 km, celui-là même qu’avait aidé l’Atelier-Spectacle de Marolles. Depuis, les habitants, qui tous avaient échappé à la vague, ont eu à lutter contre un autre fléau : les promoteurs qui avaient décidé de bâtir là un hôtel . Deuxième jour, mini croisière vers la petite île de Kho Phi Phi dont l’infrastructure hôtelière fut entièrement détruite le 26 décembre 2004 par une vague haute de 12 mètres qui tua 820 personnes. Tout y est neuf, rebâti en 14 mois ! Troisième jour – Journée souvenir à nouveau, sur les plages de Kao Lak et de Ban Nam Khem. Un mémorial rappelle les noms des victimes de toutes nationalités. Nous passons au centre d’identification où 4200 corps furent déposés. En quatre années, la nature a repris ses droits et les murs disparaissent sous la végétation, porteurs encore d’une lourde charge émotionnelle vivement ressentie par Guy et Montri, venus là en 2005. Le soir même, nous dînons avec le directeur de l’hôpital : douze convives, douze plats, et quelles saveurs ! Ce sera un dîner d’adieu, même si ce ne sera pas exprimé ainsi : le tsunami, c’était hier, on n’en parle plus, on avance avec de nouveaux amis. Le dernier jour à Phuket est plus détendu, encore que…massages énergiques, température dépassant 35 degrés, hygrométrie à 95 % - nous accusons la fatigue et pourtant, à 17 heures nous reprenons le bus de nuit pour arriver à Bangkok à 6 heures du matin après avoir parcouru 1000 km. Tom nous attend à la gare routière . {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" Ce samedi 8 novembre, nous repartons, cette fois, vers la Thaïlande profonde, rurale, plus authentique et plus pauvre, celle des rizières, des coutumes ancestrales, des visages éclairés de sourires désintéressés. Premier arrêt au bout de 70 km, à Ayuttaya, ancienne capitale du royaume du Siam, détruite par les Birmans . Il est 9 heures ; nous parcourons les ruines qui présentent maintenant un intérêt à cause du tourisme, les Thaïs, eux ne se tournant jamais vers le passé. Les petits vendeurs de cartes postales se précipitent. Nous repartons pour Makhamtao, village natal de Montri, au cœur des rizières. Cette année, la mousson a donné quatre mètres d’eau en quatre mois. Pas d’épis blonds à couper : les récoltes prêtes à moissonner sont sous l’eau depuis six semaines, perdues à 85% . Dans le village où nous passerons quatre nuits, la plupart des maisons sont, fort heureusement, sur pilotis mais nous découvrirons l’étendue des dégâts en visitant des familles parrainées, aux logis si pauvres - elles ont encore les pieds dans l’eau. La nuit tombe d’un seul coup or en ce premier soir, nous voulons rendre, de jour, une visite au vieux tamarin huit fois centenaire; il faut donc se hâter. Tout près de lui, un autre soir Marie-Jo et Michel disputeront une partie de pétanque avec des habitants du village ; incroyable : ils sont aussi bons à tirer qu’à pointer, et la France perd la partie. Après une courte nuit, le dimanche 9 est consacré à la visite de quelques familles dont le revenu dépend uniquement du travail journalier qu’elles peuvent trouver. En dépit des photos, des films souvent vus, des descriptions souvent entendues, le choc de la misère est là et nous devenons des témoins : maisons délabrées, chaleur étouffante et depuis trois semaines plus le moindre travail, donc plus aucun salaire. Au village voisin de Ban Sataey, nous passons devant la maison sur pilotis de la petite Choradee, parrainée par Maryline, notre secrétaire du Mans. Depuis janvier, Guy et Montri cherchent un parrain pour sa grande sœur de 17 ans, Chanitda qui, faute de moyens, ne peut poursuivre ses études – les familles demandant à parrainer des enfants petits afin de les suivre tout au long de leurs études. Echange de regards, deux mots et c’est fait : Françoise et Marie-Jo seront ses parrains. L’avenir de Choratdee s’éclaire : elle finira ses études. Sourires de bonheur partagé. Lundi 10 – Nous nous rendons à Ban Sataey, village voisin, où nous sommes invités, à l’improviste, par les élus réunis à la maison communautaire autour d’un représentant de l’état afin de faire un bilan des pertes occasionnées par l’inondation . Montri en profite pour leur parler de notre association et leur dire que s’ils agissent de leur côté, ils nous donnent d’autant plus de raisons de les aider. « Aide-toi , le ciel t’aidera » Nous nous retrouvons avec une partie d’entre eux, à l’école, où nous leur offrons, ainsi qu’aux professeurs, le repas de midi. Puis la présidente de l’association remet à la responsable la somme de 110 350 baht, aide exceptionnelle qui assurera six mois de cantine gratuite à tous les écoliers, soit 10 500 repas. ( Un ouvrier agricole gagne, dans le meilleur des cas, 5000 baht par mois). Avant notre départ, la famille Saul, de Laval, a envoyé 35 € destinés à l’achat, sur place, d’un vélo ; il lui est remis ce même jour. C’est une excellente idée qui peut inspirer d’autres parrains. Pas d’au-revoir : c’est l’adieu façon thaïe – tout est dit ; chacun s’éclipse sans bruit . L’après-midi, nous sommes attendus dans le salon de réception de l’hôpital de Ban Mi : ici, frous-frous , dorures, là, salles communes vétustes mais très propres, matériel médical sans âge. Grosse déception : le matériel réformé donné par l’hôpital du Mans n’est toujours pas arrivé, bloqué dans le port de Bangkok. Montri essaiera d’éclaircir la situation avec les services concernés dès notre retour dans la capitale. Nous terminons cette journée, à 25 km de là, par la visite d’un temple tout en teck, jouxtant un magnifique musée, merveille perdue dans les rizières, hors de tout circuit touristique. Le soir, dîner chez Nim, nièce de Montri ; elle tient l’unique restaurant du village : deux tables. Cuisine excellente dont la saveur est amoindrie par la présence des moustiques qui pullulent, et, même en tenue de cosmonautes en dépit des 31 degrés, nous subissons leurs attaques croisées ! Dernier jour aux environs du village. Nous nous rendons au temple Wat Phrabath Nampoo , où le bonze Chao Khun Phra Udom Prachatorn a ouvert, en 1992, un premier lieu d’accueil pour les malades du sida. Le site couvre 31.8 ha. Vision difficile que celle de ces corps décharnés dont l’espérance de vie n’excède pas trois mois. Thérapies inexistantes, à ce stade, mais que d’amour, de prévenance pour que ces jeunes meurent dans leur dignité d’être humain. Sous un auvent, un grand bouddha assis veille sur des petits sacs en toile blanche contenant les cendres non réclamées des corps incinérés. Il y en aurait déjà plus de 1200. Nous passons en silence. Mercredi 12. Au revoir à la famille, à Makhamtao et retour à Bangkok. Il nous reste 72 heures pour découvrir les klongs - canaux qui ont valu à ce quartier de la ville le surnom de « Venise de l’Asie » - le marché flottant, le palais royal , le métro aérien, le « Rose Garden » avec son pittoresque spectacle et enfin le parc Mueng Borran qui permet de voir en modèle réduit tous les temples et palais de l’ancien royaume du Siam. Vendredi 14 novembre –Départ pour l’aéroport – Guy et Montri ont le visage si triste. ! Hero, petit orphelin de douze ans parrainé depuis des années, a quitté sa grand-mère au village pour vivre chez son oncle à Lopburi, or la bourse est versée aux enfants scolarisés à Ban Sataey . L’explication tombe : sida. Hero est le premier enfant atteint et le mieux connu de Guy et Montri . Avec cette maladie, la tâche n’est pas finie mais les visages rayonnants des enfants, à l’école, ont donné un message d’espoir aux « Amis du Vieux Tamarin » petit groupe, témoin de ce qu’il reste à faire, mais aussi conscient d’appartenir à une immense chaîne d’entraide et d’amitié . Guy –Montri et Marie-Claude Les enfants du vieux tamarin.